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DSI et Directions Métiers à la même enseigne dans la mouvance digitale !

février 2016 | Temps de lecture : 4 min

Pour la première fois, les DSI n’ont pas réussi à maîtriser complétement les nouvelles tendances technologiques et sont impactées dans leur métier par la transformation digitale de notre société : pourquoi ?

La théorie de l'évolution vers la transformation digitale

L’explosion du numérique n’est pas seulement une révolution industrielle comme l’ont été l’invention de la machine à vapeur et de l’électricité. Nous sommes dans un phénomène global, qui comme l’invention de l’écriture ou celle de l’imprimerie, impacte autant l’économie que la politique, le droit, les sciences ou même nos capacités cognitives. Le philosophe Michel Serres introduit d’ailleurs le concept de révolution anthropologique à ce sujet. Nos usages se transforment et notre façon de travailler également. Le monde de l’entreprise n’est donc pas épargné et en particulier les directions des systèmes d’information dans leur positionnement, l’exercice de leurs missions ou même de nouveaux métiers ou nouveaux domaines de compétences : data scientist, traffic managers, crowdtesting, etc. 

 

Des utilisateurs finaux plus avertis

 

Les utilisateurs souhaitent les mêmes outils, les mêmes fonctionnalités et les mêmes performances que ceux auxquels ils ont accès dans la sphère privée. L’immédiateté de l’information, la facilité d’utilisation, l’ultra mobilité et la réactivité sont devenues la norme.

 

L’utilisateur s’est acculturé au digital et ce monde autrefois réservé aux ingénieurs informaticiens ne lui fait plus peur. C’est pourquoi on assiste à une réappropriation de l’outil informatique par les métiers. Longtemps captifs de la DSI, les managers sont maintenant la cible d’entreprises qui proposent des solutions externalisées de type SaaS (Software as a Services) accessibles depuis leur navigateur avec une connexion internet. Ces nouveaux acteurs parlent le même langage que leurs clients et viennent combler parfois le fossé qui s’est créé entre les DSI et leurs utilisateurs après des années d’incompréhension mutuelle. Leurs solutions sont désormais matures et demandent moins de compétences techniques pour leur gestion voire plus aucune. Les utilisateurs deviennent ainsi complètement autonomes dans l’utilisation de ces services et ne reviennent plus vers leur service informatique. Le manque de réactivité de la DSI accentue ce phénomène.

 

La dictature du « Time to market » pousse les managers à choisir des solutions SaaS plus rapides et plus simples à mettre en place malgré des coûts parfois plus élevés et une moindre adéquation à leurs besoins. Mise en concurrence par ses utilisateurs, la DSI doit être plus orientée sur les usages que sur la dimension purement technique de la digitalisation si elle ne veut pas perdre progressivement de son influence en interne.

 

 

Se concentrer sur la création de valeur

 

Face à ce tsunami digital, les DSI ont du mal à trouver leur place. Deux solutions s’offrent à eux. La première plutôt conservatrice consiste à garder le contrôle sur leur système d’information en empêchant le recours à des solutions extérieures. En invoquant fréquemment la sécurité informatique et en démontrant une certaine habilité en lobbying interne, la DSI pourra ainsi gagner quelques années de tranquillité. Toutefois, elle prend le risque que l’on fasse sans elle.

 

La meilleure solution est encore de s’adapter face à cette évolution qui est inéluctable. Pour ce faire, la DSI doit choisir ses combats et conserver la gestion des activités SI qui représentent un véritable enjeu pour l’entreprise. On se dirige vers un SI à deux vitesses, avec d’un côté un SI cœur de métier, territoire de la DSI et de l’autre des SI satellites dont la gestion est laissée au business via des solutions externalisées. Au-delà de cette question de périmètre, la DSI de demain apportera toute sa valeur en se concentrant sur 3 domaines clés : 

 

1- La maîtrise des données

 

La réussite de la digitalisation s’appuie nécessairement sur une bonne maîtrise de ses données. Cet actif immatériel est devenu la clé de voute du fonctionnement de l’entreprise. Bien exploitée, cette accumulation de données permet de mieux comprendre ses clients, d’améliorer ses processus internes ou encore de se projeter dans l’avenir en captant les tendances du marché. La DSI doit définir une gouvernance de données qui garantit la qualité et la valeur des informations d’une entreprise. Cette gouvernance regroupe un ensemble d’acteurs, de processus et de technologies qui permettent de répondre aux 4 grands enjeux de la donnée : son volume, sa vitesse, sa variété et sa véracité. 

 

2- L'urbanisation du système d'information

 

La DSI doit s’assurer de la bonne urbanisation de son système d’information. Elle a un rôle de conseil pour apporter une transversalité et une vision globale dans la gestion du système d’information afin de garantir son évolutivité et des coûts de fonctionnement limités.

 

Dans cette notion d’urbanisation, une attention particulière doit être accordée à la sécurisation des accès aux applications et aux données de l’entreprise : en effet, dans une logique d’ouverture de plus en plus forte et incontournable du SI et, dans une approche ATAWAD (any time, any where, any device), l’un des enjeux est de permettre un accès totalement contrôlé et sécurisé aux données. Cette exigence est renforcée par l’existence d’un parc d’applications souvent hétérogènes.

 

L'urbanisation du système d'information

 

3- Le maintien en condition opérationnelle de l'infrastructure

 

La DSI doit assurer la continuité et le fonctionnement des services informatiques au travers de la gestion de son infrastructure. La tendance va plutôt vers une externalisation des infrastructures SI afin de réduire les coûts tout en accédant à une qualité de service supérieure. La DSI prend alors des allures de direction des achats informatiques chargée de gérer les contrats avec ses prestataires.

 

La DSI a donc de moins en moins un rôle de faiseur qu’un rôle de conseil, dans lequel elle apporte toute son expertise technique au service de la bonne gestion du système d’information.

 

Dans cette perspective, il est essentiel de mentionner le rôle indispensable de la DSI sur la maîtrise du pilotage des contrats (voire dans la phase de mise au point du contrat). Les directions métiers sont certes plus autonomes dans le choix de leurs solutions en mode SaaS mais elles doivent nécessairement « passer la main » à la DSI pour le pilotage opérationnel du contrat.

 

 

Jouer la complémentarité

 

Paradoxalement alors que la DSI concentre l’ensemble des expertises informatiques et techniques, elle n’est pas toujours bien placée, souvent pour des raisons historiques, pour mener la transformation numérique de l’entreprise.

 

En effet, bien que permise par des avancées technologiques, cette révolution va bien au-delà des simples outils et impacte l’organisation dans son ensemble sous l’angle des usages. L’entreprise doit s’adapter à l’explosion des nouvelles technologies en se réinventant dans sa globalité, du business model à sa relation client en passant par ses modes de fonctionnement internes.

 

Cette démarche, qui doit être portée au plus haut niveau de l’organisation avec un champ de compétences bien plus large que le périmètre initial de la DSI, nécessite que des personnes extérieures à la « chose informatique » soient impliquées dans cette transformation : les « Chiefs Digital Officer ». Nommés dans de nombreux groupes du CAC40, ils bénéficient d’ailleurs d’un sponsoring de la Direction Générale et siègent au comité exécutif, souvent en leur qualité de directeur général délégué. Leur mission n’est pas en opposition ou quelconque contrôle des DSI et leur vocation consiste à :

 

  • sensibiliser en interne sur l’importance de l’appropriation du digital par les salariés ;
  • afficher en externe une prise en compte du sujet (ex. message envoyé au marché à travers le recrutement d’un profil issu de start-up qui incarne la révolution digitale…).

 

Pour autant la DSI a un rôle à jouer dans la digitalisation de l’entreprise : elle doit accompagner ce changement sur le plan technique, technologique et applicatif de concert avec l’ensemble des métiers afin de s’assurer du maintien en conditions opérationnelles du système d’information. Le Chief Digital Officer et le Directeur des Systèmes d’Information doivent donc travailler main dans la main pour réussir cette transformation et c’est en premier lieu à la Direction Générale de bien préciser le positionnement de ces deux directions dans l’entreprise. L’enjeu étant bien de repenser l’ensemble des processus de l’entreprise au regard des possibilités offertes par le digital, dans le but d’améliorer la relation client.

 

Dans ce contexte, on assiste à une séparation logique des rôles entre un DSI centré sur la couche «fabrication»  et un CDO sur la couche «distribution», la couche «production» étant de plus en plus externalisée comme nous l’avons évoqué précédemment.

 

Par sa connaissance des problématiques et des enjeux liés à la gestion du SI, ainsi que son expérience dans l’accompagnement des entreprises dans leurs projets de transformation, Exeis Conseil est à même de vous aider à définir et à mettre en place l’organisation la plus adaptée à votre structure.

 

 

Auteurs : Hadrien Kagan, Thibaud Duverger, Alumnis Exeis Conseil