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Le Big Data dans l'Assurance : de nouveaux besoins à satisfaire

avril 2017 | Temps de lecture : 5 min

Les mutations du modèle économique des compagnies d’assurance provoquées par l’arrivée des données de masse nous indiquent qu’une mutation profonde des habitudes de consommation est en train d’être opérée. Que ce soit d’un point de vue Quantified Self (i.e on prend soin de soi et on « monitore » ses comportements) ou encore du point de vue du partage des expériences d’utilisation (Collaboration et partage sont aujourd’hui une philosophie de vie massivement adoptée), de nouveaux besoins émergent de manière exponentielle et rapide. Face à ce changement, les compagnies d’assurance doivent s’adapter et être en mesure de répondre rapidement à une demande qui ne cesse de croitre et de se modifier.

Le Big Data

L’émergence de nouveaux modes de consommation

 

La baisse des prix des smartphones et des tablettes a accéléré l’adoption massive des terminaux mobiles. L’industrie des biens et des services a ainsi opérée son virage digital pour se mettre en capacité à proposer de nouveaux produits et services pour coller de plus en plus à ces nouveaux modes de vie. Pour autant, la mise à disposition de plateformes d’échange pour vivre de manière plus collaborative (transport mutualisé, achats groupés, …) a entrainé une modification des canaux de distribution classiques permettant ainsi à tout un chacun de proposer des biens et des services et ainsi de court-circuiter les opérateurs classiques (parfois historiques). Cette nouvelle donne déplace ainsi le besoin assurantiel non pas sur une entreprise couvrant son périmètre d’activité mais sur une multitude de petits opérateurs individuels qui proposent leurs biens et services. L’offre et les contrats doivent donc évoluer pour prendre en compte ces nouvelles pratiques de consommation

 

  • « Professionnalisation » du covoiturage : si hier il était peu usuel de voyager à plusieurs hors du cercle familial, les enjeux écologiques et l’avancée technologique liée au digital ont permis de transformer les habitudes de consommation dans le domaine des transports de particuliers. Ainsi, que ce soit le covoiturage par le biais d’une plateforme d’échange ou l’optimisation des trajets avec son cercle proche, des nouveaux besoins d’assurance ont vu le jour : couverture de conducteur non propriétaire d’un véhicule dans le cadre d’un prêt de volant, assurance d’une personne tiers en dehors de la sphère, familiale lors d’un trajet, garantie dépannage lors d’un covoiturage, sont autant de nouvelles offres qui ont fait leur apparition dans le paysage assurantiel (un partenariat entre Blablacar et Axa a été mis au point pour faciliter la couverture des usagers au travers de la plateforme de mise en relation).

 

  • Location de voitures entre particuliers : Un véhicule qui n’est pas utilisé et qui reste stationné est dorénavant une nouvelle source de revenu pour tous les foyers qui le souhaitent. Grace à certaines plateformes de location de véhicules entre particuliers, il devient possible de louer son véhicule contre rémunération. Si d’aventure cette pratique était réservée aux entreprises de location de véhicules proposant une offre de biens (les véhicules) et de services (l’assurance, le plein de carburant, …), les particuliers ont fait leur apparition sur ce marché éprouvant un besoin en assurance qui jusqu’alors ne les couvrait que pour leurs besoins personnels. Un partenariat entre Drivy et Allianz a ainsi été instauré afin de proposer une assurance aux locataires de véhicule. Dans ce cas présent, Allianz est rémunérée environ 13% du coût total* supporté par le locataire Drivy. Le leader français propose également des tarifs préférentiels à l’année aux propriétaires des véhicules.

 

 

Partenariat entre Drivy et Allianz

 

 

Les assureurs se voient donc amenés à développer des offres “à l’usage” afin de répondre aux nouveaux besoins de consommation.

 

Et cette tendance va aller en grandissant compte tenu de l’arrivée massive de la génération Y qui a grandi à l’ère du digital et dont les pratiques de consommation collaboratives font partie de leur ADN.

 

 

Les applications du Big Data dans l’assurance

 

Face à ces nouvelles tendances, si les compagnies d’assurance se mettent en ordre de marche techniquement pour collecter, analyser et traiter des données et ainsi proposer de nouveaux services « sur mesure » et adaptés aux nouveaux besoins, ces mutations impliquent également une transformation de l’organisation pour comprendre et réagir au mieux face aux différentes situations.

 

 

Les défis organisationnels

 

De nouvelles compétences sont ainsi requises pour adresser les nouveaux usages, identifier les leviers digitaux, faire évoluer les parcours clients et s’outiller de modèles prédictifs.

 

 

La montée à bord de profils numériques

 

L’arrivée de la génération Y (grands consommateurs de ces nouveaux services) sur le marché du travail ouvre la voie à de nouveaux métiers régis selon un nouveau schéma organisationnel.

 

 

Le CDO (Chief Digital Officer)

 

Le directeur de la transformation digitale (en français) apporte son expertise pour évaluer la maturité numérique de l’entreprise et de ses collaborateurs. Ses échanges réguliers avec la Direction Générale lui confèrent une influence forte.

 

Sa mission est de mener à bien la transformation digitale de l’entreprise en faisant l’interface entre les métiers, la DSI et la direction générale. L’un de ses rôles est, de manière transverse, de rechercher des opportunités de croissance et d’efficacité avec les métiers et les fonctions support. (Deux axes sont à distinguer. La transformation digitale interne concernera la transition des collaborateurs de l’entreprise vers les nouveaux outils et usages numériques leur permettant ainsi de s’acculturer à ces nouvelles tendances. La transformation digitale externe s’occupera de comprendre et de répondre aux nouveaux besoins issus de la révolution numérique).

 

 

Le rôle du Chief Digital Officer

 

 

Des profils ultra-spécialisés de la data en pénurie

 

La donnée étant devenue un enjeu majeur pour la stratégie de l’entreprise, des profils analytiques deviennent indispensables pour proposer des axes d’analyse et de restitution à la Direction Générale. Le profil de data scientist (littéralement scientifique de la donnée) a donc vu le jour permettant ainsi de traiter et rendre intelligible la donnée pour l’entreprise.

 

Néanmoins, les universités et écoles d’ingénieurs françaises sont très loin de former suffisamment de ces profils  et le besoin d’aujourd’hui reste très fort pour ne pas se laisser distancer par la concurrence.

 

Les compagnies d’assurance doivent donc envisager de former des experts internes pour pallier ce manque et qui ont une ou plusieurs des compétences suivantes : mathématiques, statistiques et computing science. 

 

 

Collaborer avec des start-ups spécialisées

 

Une autre méthode consiste également à externaliser cette analyse par le biais d’entreprises spécialisées (généralement des startups qui ont entrevue et exploitent le « filon »). Ainsi, les compagnies d’assurance qui jusqu’alors fonctionnaient en quasi autarcie pour leurs propres besoins doivent aujourd’hui ouvrir leur contexte et leur système d’information à l’extérieur. Ces nouveaux modes de partenariat entrainent de nouveaux enjeux à résoudre comme le travail collaboratif avec des entreprises de taille (en général une dizaine de personnes) et de culture différente (plutôt orienté collaboratif et outils digitaux et généralement dans un contexte de méthodologie agile).

 

 

Pour conclure…

 

Pour tirer profit de ces nouvelles opportunités, les assureurs doivent prendre en compte les différents impacts sur leur stratégie, leur organisation, leur culture d’entreprise, leurs méthodologie de travail afin de se mettre en capacité à répondre aux nouveaux besoins émergents et ainsi ne pas se laisser distancer par la concurrence.

 

La multiplicité de ses missions auprès des acteurs majeurs du monde de l’assurance confère à notre Cabinet une connaissance des enjeux et du secteur et nous permet d’adapter la réponse et l’organisation aux besoins issus de ces nouvelles habitudes de consommation.

 

Fort de son expérience en pilotage de projet, en conduite du changement et accompagnement à la mise en œuvre de cellules d’innovation (produit, service, méthodologie), Exeis Conseil vous propose de vous accompagner avec des méthodes éprouvées et constamment améliorées auprès de nos clients du secteur assurantiel.

 

* source : https://www.drivy.com/help/articles/1d846f8710ee