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E-Santé, est-elle le nouvel eldorado des assureurs ?

février 2017 | Temps de lecture : 5 min

La demande de soins risque d’exploser dans les années à venir. Si l’espérance de vie ne cesse de s’accroître, l’espérance de rester en bonne santé ne suit pas nécessairement la même tendance.

 

E-Santé, est-elle le nouvel eldorado des assureurs

 

Une médecine plus curative que préventive

 

 

En tête des causes de décès pour l’Europe de l’Ouest et pour la plupart des pays développés : les maladies cardio-vasculaires (problèmes cardiaques et AVC), cancers, maladie d’Alzheimer, problèmes pulmonaires et respiratoires (2).

 

 

Le traitement de ces maladies s’est nettement amélioré, certes, mais au prix d’un allongement des durées de prise en charge des maladies chroniques. Une étude australienne sur le diabète a notamment montré une réduction de 8 à 9 ans de l’espérance de vie sans handicap, entre 1999 et 2005 (3). La médecine maintient en vie mais ne guérit pas nécessairement, et entraine un alourdissement des frais de santé liés à la prise en charge des dépendances.

 

 

Evolution de l'espérance de vie

 

 

Prévention et dépistage : le modèle actuel doit évoluer vers plus d’anticipation

 

 

Si l’accroissement des coûts de la maladie est inéluctable, la solution se trouve sans doute dans le maintien en bonne santé.

 

 

Des actions peuvent être menées pour limiter le risque, c’est-à-dire supprimer ou réduire la probabilité de dégradation de l’état de santé (c'est la prévention proprement dite), ou pour en limiter l’étendue ou/et la gravité, grâce à des dépistages suffisamment précoces. Toutes ces actions contribuent à un gain conséquent par rapport au traitement a posteriori des maladies longue durée.

 

 

Les organismes complémentaires, dont les frais de prestation suivent l’évolution générale du coût de la santé, pourraient jouer un rôle dans cette inversion de tendance, en marge des acteurs médicaux.

 

 

République française
Les assureurs en pleine « tourmente » réglementaire

L’Accord National Interprofessionnel prévoit la généralisation de la complémentaire santé à tous les salariés. Tous les employeurs doivent avoir conclu des accords collectifs (ou a minima mettre en place une couverture santé) conformes aux exigences de la loi et applicables au 1er janvier 2016.

Le secteur de la complémentaire santé, dont les résultats techniques sont déjà faibles, va voir se multiplier les contrats collectifs non rentables.

 

La nécessité de trouver des leviers de rentabilité, mutualisée avec la volonté de l’Assurance Maladie de réduire les frais de santé, pourrait trouver sa porte de sortie dans l’orientation prise par la transformation programmée du système de santé, réaffirmée dans la Stratégie Nationale e-Santé 2020 (4). Cette stratégie vise notamment à soutenir les initiatives destinées à améliorer la coordination entre professionnels de santé et à encourager l’implication des patients eux-mêmes dans la prise en charge de leurs pathologies.

 

 

Une partie des hospitalisations et des actes de soins pourraient être évités

 

 

En France, les soins hospitaliers représentent 18.3% des dépenses des complémentaires santé, soit le 2ème poste après les médicaments (5). Face à la difficulté des établissements hospitaliers à assurer une continuité dans l’accompagnement avant et après l’intervention, et face à la crise de financement annoncée, les assureurs commencent à s’organiser pour prévenir les séjours hospitaliers superflus et les complications liées à l’hospitalisations.

 

 

Des programmes d’accompagnement des hospitalisations commencent à voir le jour. Ils visent à préparer le séjour (informer, détecter les risques, rassurer les patients, …), faciliter le rétablissement (identifier les besoins d’assistance, mesurer les effets post-opératoires, évaluer la douleur, …) et prévenir les réadmissions (évaluer l’état de santé général, détecter les dégradations, …).

 

 

Informer, coacher, accompagner : les nouvelles technologies au service du parcours de soins

 

 

Favorisée par l’essor des nouvelles technologies, la tendance est à l’accompagnement des patients sur le long terme. Les programmes de prévention et de suivi des maladies chroniques se développent chez les assureurs et les assisteurs, avec un objectif de modification des comportements pour prévenir les pathologies.

 

 

En 2008, la part des décès qui auraient pu être évités par une simple prise de conscience individuelle du rôle du patient dans son maintien en bonne santé restait très importante. Chez les hommes, les trois quarts des décès évitables le sont par modification des comportements individuels, alors que chez les femmes la moitié l’est par l’amélioration du dépistage (6).

 

 

Les programmes de coaching destinés à combattre les facteurs déclenchant et aggravant la maladie s’attaquent aux causes (souvent liées au mode de vie) des pathologies plutôt qu’à leur traitement : sédentarité, mauvaise alimentation, addictions, stress… En travaillant avec eux et en impliquant leurs adhérents dans la prévention de leur santé, les assureurs ont un rôle à jouer pour limiter les actes médicaux évitables et réduire les frais de santé dont une part est à leur charge.

 

 

Un secteur plus proche de la valeur refuge que de l’eldorado

 

 

L’e-Santé ne promet pas le Grand Soir de la complémentaire santé, en tout cas pas à court terme. Il faut plutôt y voir une opportunité pour les assureurs de maîtriser le coût de leurs remboursements et de retrouver un équilibre technique mis à mal.

 

 

Le développement de programmes d’accompagnement est également un moyen pour les assureurs de renforcer la proximité avec leurs sociétaires. Globalement bien reçues par les bénéficiaires, ces initiatives sont gages de sérieux et de confiance de la part des patients, qui apprécient de pouvoir bénéficier d’une assistance pertinente aux moments opportuns de leur parcours de soins.

 

 

A terme, si l’approche se généralise et que la confiance s’instaure réellement entre les assurés et leur mutuelle qui aura accès à davantage de données personnelles et données de santé, un horizon nouveau pourrait s’ouvrir aux complémentaires santé.

 

 

Avec une relation renforcée avec leurs assurés, avec une connaissance plus fine du risque médical, avec des partenariats plus développés avec les réseaux de professionnels de santé, les assureurs seront amenés à jouer un rôle plus important dans le parcours de soins. Le développement des objets connectés et autres outils d’auto-évaluation de la santé permettra aux complémentaires santé de devenir l’interlocuteur du futur ou de l’ex-patient. Si l’acte médical restera toujours du domaine des professions de santé, et la réticence des « patients-assurés » à voir les assureurs s’immiscer dans ce domaine restera prégnante, la voie de la prévention et de la détection s’ouvre aux complémentaires santé.

 

 

L’e-Santé, aujourd’hui un refuge pour sauvegarder la rentabilité des contrats, deviendra peut-être demain l’eldorado pour de nouveaux usages.

 

 

Déjà présent sur des problématiques de santé, Exeis accompagne les assureurs, les assisteurs et les établissements de santé à nouer et mettre en œuvre des relations partenariales à valeur ajoutée pour eux comme pour leurs clients. Du pilotage de programme au démarrage de l’activité, en passant par l’accompagnement des métiers, la création d’idées, l’étude d’opportunité, la conduite du changement et le mode « test & learn », l’expérience d’Exeis garantit un accompagnement efficace et novateur, qui vous permettra de prendre une longueur d’avance.

 

 

(1) Données Eurostat (28/11/2011)

 

(2) Global, regional, and national age–sex specific all-cause and cause-specific mortality for 240 causes of death, 1990–2013: a systematic analysis for the Global Burden of Disease Study 2013 www.thelancet.com, vol. 385, Janvier 2015.

 

(3) Burden of diabetes in Australia: life expectancy and disability-free life expectancy in adults with diabetes. Diabetologia, Volume 59, Avril 2016.

 

(4) Stratégie Nationale e-Santé 2020 : Le numérique au service de la modernisation et de l’efficience du système de santé, Ministère des Affaires sociales et de la Santé, Juillet 2016.

 

(5) Les dépenses d’assurance santé – édition 2015, Fédération nationale de la Mutualité Française

 

(6) Rapport Flajolet, Mission au profit du gouvernement relative aux disparités territoriales des politiques de prévention sanitaire, Ministère de la santé, de la jeunesse, des sports et de la vie associative, 2008

À propos des auteurs
Cédric MAISONNEUVE Consultant chez EXEIS Conseil
Cédric MAISONNEUVE CONSULTANT SENIOR
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Cédric intervient sur des projets de diagnostic et de transformation de réseaux de distribution au sein de grands groupes d’assurance IARD, accompagne des démarches d’étude d’opportunité et d’aide au choix de progiciels, dans des contextes variés de distribution de produits d’assurance et de prestations d’assistance.