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Mécanisation de la logistique, un autre angle de vue

septembre 2014 | Temps de lecture : 3 min

Déployée véritablement il y a une dizaine d’années chez les pures players de la logistique, la mécanisation d’entrepôts est aujourd’hui accessible et économiquement justifiable pour la plupart des acteurs du secteur, quelle que soit leur taille. Les raisons qui poussent les acteurs logistiques à lancer des projets de mécanisation sont nombreuses : augmenter la rapidité des traitements, optimiser l’utilisation de l’espace, faire face à l’érosion de la pyramide des âges, etc…

La mécanisation de la logistique

Dans cet environnement, où les coûts de mise en œuvre baissent au regard d’un coût de main d’œuvre sans cesse en augmentation, les comités de direction en charge des budgets sont enclin à autoriser les investissements dans des projets de mécanisation. Il faut noter également que les solutions mécanisées offrent de plus en plus de flexibilité, thématique qui freinait jusqu’à présent les investissements. Mais là où les comités de direction sont séduits par l’offre et les bénéfices attendus, les acteurs terrains restent à convaincre. Or, d’autres sources de progrès plus orientées vers le terrain justifient d’autant plus une telle entreprise.

 

 

Des apports opérationnels pour répondre à une demande explosive

 

Des capacités et une rapidité des traitements logistiques

 

Face à une demande client plus forte, plus exigeante et plus diversifiée, qui se traduit par une grande diversité dans les commandes, dans les articles ou encore dans les conditionnements ; un système mécanisé va permettre de lancer des traitements sur des volumes ciblés, sur des délais très courts avec une forte agilité. Les équipementiers en mécanisation sont de plus en plus confiants pour proposer des solutions mécanisées en s’engageant sur de très grandes capacités, ainsi que sur des taux de performances et de disponibilité élevés. Forts de ces engagements sur leurs équipements mécanisés, les prestataires logistiques limitent leurs risques faces aux demandes d’engagement capacitaires contractuels de leurs clients.

 

 

Une réactivité business court terme

 

Vers une plus grande réactivité de préparation de commandes, sur des flux web par exemple, ou encore sur le traitement des retours et vers une meilleure absorption des variations de charge, les systèmes mécanisés apportent des solutions. Nous le verrons de manière détaillée plus loin dans l’article, mais les opérateurs en charge du pilotage des systèmes mécanisés doivent créer de véritables stratégies de « vagues de traitement » pour répondre aux demandes du commerce omnicanal.

 

 

Une flexibilité long terme

 

Longtemps vues comme des installations figées et difficilement évolutives, les installations mécanisées sont conçues aujourd’hui de manière à apporter une certaine flexibilité. Les équipements mécaniques pilotés par des automates, intrinsèquement statiques, sont rendus évolutifs par une conception et une construction modulaire. La décomposition de l’activité logistique en processus « autonomes » permet de créer des « sous-systèmes » connectables et de rendre l’activité globale plus agile. Vu sous cet angle, les entrepôts logistiques dans lesquels des « sous-systèmes » mécanisés peuvent être modifiés, remplacés ou complétés offrent une capacité d’évolution long terme rassurante.

 

 

Des évolutions clés dans les processus et l’organisation des entrepôts

 

Le cadrage initial d’un projet de mécanisation implique une réflexion sur de multiples dimensions, les processus, les outils, les systèmes d’information, l’organisation, etc…. Et dans les faits, la mécanisation apporte bien davantage que les gains directement liés à l’installation mécanique, puisque de l’effort de réflexion découlent d’autres axes d’amélioration de la performance.

 

D’un point de vue processus, la mécanisation apporte, entre autres, la fiabilité et la standardisation des flux de travail, mais garantit également l’optimisation de l’enchaînement des activités au sein de l’entrepôt. Cet enjeu est crucial, car les entrepôts doivent être en mesure de stoker et de préparer les commandes de plus en plus rapidement tout en assurant une traçabilité totale.

 

La mécanisation de la chaîne logistique peut toutefois n’être que partielle car les équipementiers proposent aujourd’hui des solutions modulaires qui permettent d’imbriquer des tâches mécanisées et manuelles. Ainsi, les entreprises peuvent choisir dans un premier temps de mécaniser une partie de la chaîne logistique, puis de faire évoluer leurs processus pour mécaniser de manière progressive. Le choix de l’équipementier et de son intégrateur est extrêmement lourd, car la modularité des installations n’est souvent effective que dans une gamme d’équipements et de technologies définie, rendant tout changement d’orientation complexe, coûteux, voire inenvisageable.

 

L’évolution des équipements va également entraîner une meilleure utilisation des surfaces de traitement, de déplacement et de stockage, et participe ainsi à la baisse du coût au m² des locaux.

 

Côté outils, en alliant mécanisation des traitements logistiques et informatisation des flux, l’entrepôt va entrer dans l’ère 2.0 et ainsi disposer d’une capacité de pilotage centralisée, basée sur des données d’exploitation plus précises et plus nombreuses. La disponibilité de ces données en temps réel va provoquer la création de nouveaux usages, et conduire à mettre en place de nouvelles organisations.

 

 

L’organisation humaine autour de ces nouveaux processus y est naturellement impactée…

 

Des impacts forts sur l’humain

 

La mécanisation n’a de sens que dans un environnement maitrisé et fini. C’est en partant de ce postulat, et en considérant les aléas et les incertitudes immuables aux métiers de la logistique, que l’on comprend que l’humain a justement toute sa place dans ces nouvelles organisations mécanisées. Ses interventions vont d’ailleurs être d’autant plus structurantes et à forte valeur ajoutée.

 

 

Des processus mécanisés par partie, créant de nouvelles zones de responsabilité

 

Nous avons vu plus haut que la mise en place de systèmes mécanisés est souvent liée à la décomposition de l’activité, ce qui conduit à créer des zones d’activité dédiées, modulaires, voire autonomes. Les opérateurs peuvent alors se spécialiser sur une activité liée à une tâche mécanisée et ainsi se sentir concernés, voire engagés dans l’atteinte des objectifs. Ainsi, les notions d’équipe et d’équipier retrouvent tout leur sens, embarquant la reconnaissance et l’estime des autres au sein du groupe.

 

 

Un accent mis sur le suivi et le pilotage de l’activité

 

Dans un environnement mécanisé, les données d’exploitation étant disponibles en temps réel, les responsables d’exploitation ou les « pilotes de vagues » peuvent détecter les anomalies pendant les traitements mécanisés et ainsi déclencher les actions correctrices avec les équipes. Les postes d’ordonnancement et de planification d’activité, prennent des dimensions particulières car ils permettent de simuler des programmes de traitement avec identification immédiate des impacts sur les stocks, sur la charge des équipes et sur les emplacements sollicités. Enfin, les données disponibles à postériori vont permettre aux responsables de sites logistiques, d’affiner leurs analyses économiques et d’ajuster les programmes d’activité, dans une logique d’amélioration continue.

 

 

Une voie ouverte vers de nouveaux métiers en entrepôt

 

Un système mécanisé demande à être entretenu spécifiquement, ce qui implique une augmentation de la qualification des techniciens et des agents de maintenance. Si ces métiers existent en entrepôt depuis longtemps, l’entretien des systèmes mécanisés sollicite des compétences techniques particulières (électronique, automatismes, systèmes de lecture et de reconnaissance, etc…), en constante évolution. Au-delà de la considération positive ressentie par les équipes, la mécanisation est l’opportunité d’améliorer les conditions de travail et le confort en entrepôt.

 

 

Une amélioration des conditions de travail

 

Certes, la mécanisation est une source d’amélioration de la productivité, mais elle doit être aussi l’occasion de mettre en place de nouveaux dispositifs pour améliorer le confort des opérateurs, pour lutter contre la fatigue, les TMS (Troubles Musculo Squelettiques), ou encore pour réduire le nombre et la gravité des accidents du travail.

 

 

Augmenter le confort des postes de travail

 

Les systèmes mécanisés ou non sont couverts par des normes de sécurité mais l’ajustement des postes de travail dans un contexte de mécanisation est l’occasion de renforcer ces dispositifs, d’informer et de former les opérateurs. Spécifiquement, un projet de mécanisation peut embarquer toute une réflexion sur la diminution des nuisances sonores, visuelles ou thermiques. Mieux encore, c’est l’occasion de définir le cahier des charges en groupe de travail, en y intégrant des opérateurs qui seront affectés aux postes.

 

 

Lutter contre la fatigue et les TMS

 

Ajuster les plans de travail en termes de hauteur, limiter l’envergure des mouvements en rotation, limiter les déplacements et les manutentions, réduire les vibrations mécaniques, éviter globalement les postures pénibles, tout comme améliorer les rythmes de travail etc… de véritables démarches de prévention et d’actions à pérenniser en entrepôt peuvent être lancées à l’occasion d’un projet de mécanisation, dans l’optique de prévenir les risques professionnels mais aussi de garantir la performance des organisations.

 

 

Lutter contre les discriminations

 

De plus en plus de sociétés s’engagent activement dans la lutte contre les discriminations et le contexte des entrepôts mécanisés est un terrain favorable dans la mesure où la démarche est volontaire. En phase de conception, les réflexions sur les postes de travail doivent être orientées pour permettre l’emploi des seniors, pour couvrir un large scope des tailles pour faciliter l’emploi de tous, pour favoriser la mixité dans les entrepôts ou encore pour donner l’accès et confier la réalisation d’activités à des personnes à mobilité réduite.

 

Au-delà des gains économiques attendus dans un projet de mécanisation, nous avons essayé de montrer ici que de nombreux bénéfices sont accessibles dans un tel projet dans la mesure où la dimension humaine notamment, est considérée comme majeure et identifiée en amont du projet.

 

Auteurs : Alumnis Exeis Conseil