La finance durable : orienter les flux de capitaux vers des entreprises répondant à des critères extra-financiers
L’article 2 de l’Accord de Paris (2016) vise à aligner les flux financiers sur un développement bas carbone et résilient au climat. Cet objectif est repris en 2018 par l’UE dans son « Plan d’action : financer la croissance durable ».
Le système financier, banques et investisseurs, doit donc s’adapter pour répondre à ces ambitions, en intégrant une dimension extra-financière dans l’allocation des capitaux.
Les acteurs du système financier sont les moteurs de la transition vers une économie plus durable
La Commission Européenne a précisé la stratégie de l’UE en juillet 2021, sur quatre grands axes :
1 Le financement de la transition vers la durabilité : mise en place d’outils et de politiques de financement des plans de transition
2 L’inclusion : prise en compte des besoins des particuliers et des PME
3 La contribution et la résilience du secteur financier : contribution du secteur à la réalisation des objectifs du pacte vert européen
4 L’ambition mondiale : recherche d’un consensus international sur un programme en matière de finance durable
Cette dynamique fait des acteurs du système financier des centres de décision et d’action au service de cette stratégie. Plusieurs approches s’offrent à eux : stratégies de sélection ou d’exclusion, investissement thématique, engagement actionnarial, investissement à impact, intégration des critères ESG Nouvelle fenêtre.
Les banques, levier du financement d’une économie durable
Pour les banques, il s’agit d’intégrer la dimension extra-financière dans la décision de prêt.
Une nouvelle vision des entreprises financées s’impose, avec :
- Un nouveau système comptable, pour une lecture comparative des informations extra-financières des acteurs économiques.
- Une autre appréciation clé de la valeur : la performance carbone d’un acteur économique.
- De nouveaux standards d’analyse, via des normes de reporting extra-financier (Taxonomie, SFDR, CSRD, article 29 LEC,…).
L‘essor des offres de financement à impact pour financer l’économie
Les offres de financement à impact se développent. Si les premières se positionnaient sur des montants supérieurs à 1 million d’euros, elles permettent à date de financer et accompagner une cible plus large d’entreprises. Ces prêts supposent une évaluation extra-financière qui peut prendre plusieurs formes comme :
- Un audit de la démarche RSE de l’entreprise par un tiers
- Un score déterminé avec plusieurs critères couvrant les dimensions ESG
- Des objectifs à atteindre à partir d’une grille d’analyse spécifique et d’indicateurs
Il s’agit donc avant l’octroi du financement, et de manière récurrente, de :
- Déterminer les indicateurs pertinents
- Vérifier la qualité de la mesure
- Établir les objectifs de transformation et de transition
- Suivre ces transformations.
En cas d’atteinte ou de dépassement des objectifs, les entreprises peuvent obtenir une bonification de taux ; les banques jouent un rôle d’incitation. .
L’intégration de la dimension extra-financière dans la notation Banque de France, référence pour obtenir des financements
La notation Banque de France est une référence commune et reconnue par les établissements de crédit pour leur qualification des risques et donc l’octroi des financements.
La Banque de France a annoncé que cette notation, dès 2024, devrait comporter des « indicateurs climat » qui s’ajouteront aux critères financiers et économiques actuels. Cela permettra de donner une appréciation globale sur la capacité d’une entreprise à honorer ses engagements.
Les entreprises moins bien notées auront des difficultés à trouver des prêteurs faisant de l’ESG et du respect des labels des arguments commerciaux.
Les investisseurs, acteurs de plus en plus attentifs qui attendent de la transparence extra-financière
Pour les investisseurs, il s’agit d’intégrer la dimension ESG dans la décision d’investissement. Les conseillers financiers sont tenus par la réglementation de prendre en compte les objectifs, les situations financières et désormais les préférences en matière de durabilité des clients, avant de leur recommander un investissement.
Cela suppose de disposer d’une offre de produits financiers qui répond à ces préférences.
Les investisseurs peuvent également choisir leur cible sans recourir à un tel conseil. S’offrent alors à eux un éventail de produits :
- Investissement Socialement Responsable (ISR) labélisé
- ESG
- Durables
- Responsables
- Ethiques
Les notions à consonance « durable » ne seront plus suffisantes : elles doivent être assorties d’indicateurs, dûment sélectionnés, permettant une lecture objective et appropriée en lien avec les attentes des investisseurs. La promesse de durabilité n’est pas un mandat d’investissement.
Longtemps concept, la Finance Durable se teinte de réalité. Malgré le constat des imperfections et des limites, au-delà d’un éveil ou d’une sensibilisation des consciences, elle devient un réel défi opérationnel à relever.
Les 3 choses à retenir :
Le secteur financier joue un rôle essentiel dans le financement de l’économie
Les différents acteurs financiers participeront activement à une meilleure orientation des capitaux disponibles vers le financement de projets / entreprises à impact positif
Le cadre normatif et réglementaire, française et européen, soutient et accélère cette transition vers la finance durable