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RSE, pourquoi s’engager au-delà du cadre réglementaire ?

juillet 2023 | Temps de lecture : 3 min

Le cadre réglementaire de la Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE) ne cesse de s’étoffer, avec notamment la mise en œuvre progressive de la CSRD à l’échelle européenne. Poussées par ces normes et règles contraignantes, les entreprises françaises sont désormais conscientes de la nécessité de lancer des initiatives sociales ou environnementales. 

 

Parfois, certaines d’entre elles dépassent les directives réglementaires et vont plus loin dans leur responsabilité sociétale, portées par les convictions personnelles de leurs dirigeants. 

 

Mais au-delà de la contrainte réglementaire ou de la vision engagée d'un dirigeant, n’y a-t-il pas des raisons objectives d'investir dans une politique RSE volontariste ? N’y a-t-il pas des bénéfices évidents susceptibles de servir le développement de l’entreprise tout en protégeant son écosystème naturel, social ou économique ?  

 

Nous verrons que dans la société française actuelle, toutes les parties prenantes de l’entreprise sont désormais attentives, voire même exigeantes, concernant les impacts environnementaux ou sociaux de son activité. Et qu’une réponse adaptée à ces attentes constitue une opportunité de développement. De plus, il est démontré que de nombreux processus ou modes de fonctionnement internes à l’entreprise peuvent bénéficier d’une politique RSE ambitieuse. 

Opportunités offertes par la RSE grâce à la satisfaction des parties prenantes et l’amélioration des processus internes 

Satisfaire ses parties prenantes pour rester dans la course 

 

Qu’elles soient internes ou externes, les différentes parties prenantes de l’entreprise sont toutes vigilantes sur sa politique RSE : 

 

  • Qu’il s’agisse de B2C, de B2B ou de B2G (“business to government”), les clients des entreprises sont de mieux en mieux informés sur leurs pratiques et leurs impacts. Ils soumettent ces informations à leur appréciation sur la base de référentiels parfois très normés (exemple : grilles d’évaluation RSE des appels d’offre publics), parfois très subjectifs (exemple : image de marque d’un produit de grande consommation). Des initiatives de green-washing peuvent ainsi être facilement démontrées et dénoncées, tandis qu’une politique environnementale ambitieuse peut à l’inverse être reconnue et valorisée, notamment à travers des labels référencés, et se traduire par un attachement fort à la marque. Sur de nombreux marchés, une politique RSE sincère et démontrable constitue aujourd’hui un élément de différenciation très impactant. 

 

  • Le rapport de force n’est pas le même entre l’entreprise et ses fournisseurs ou partenaires. Néanmoins, il est des secteurs d’activité où le développement d’un réseau de fournisseurs de confiance est essentiel. A ce titre, un alignement entre l’entreprise et ses partenaires sur un système de valeurs communes ou sur des engagements sociétaux partagés voire co-construits, favorisera la construction de relations commerciales saines et durables. 

 

  • Du point de vue des investisseurs et des actionnaires, les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) prennent de plus en plus de poids dans les décisions d’investissement. La finance durable à le vent en poupe et les entreprises à la recherche de capitaux ne peuvent plus passer outre une politique RSE ambitieuse, et surtout un reporting extra-financier à l’avenant. 

 

  • Les principales réglementations environnementales sont votées à l’échelle européenne ou nationale. Mais au niveau local, les pouvoirs publics constituent des acteurs également très attentifs aux impacts sociaux ou environnementaux des entreprises. L’économie sociale et solidaire est ainsi fortement soutenue par les régions, les départements ou les communautés de communes. De même, des critères environnementaux ou sociaux peuvent intervenir au moment d’accorder un permis de construire. 

 

  • Enfin, comment ne pas évoquer l’importance de la RSE pour le recrutement de talents et la rétention des collaborateurs. Qu’il s’agisse de politiques ciblant directement la qualité de vie au travail ou la non-discrimination, ou bien d’initiatives plus générales portant sur la responsabilité sociale ou environnementale de l’entreprise, les salariés sont aujourd’hui très sensibles à ces démarches porteuses de sens. Cela devient un facteur important d'engagement, et donc de performance à long terme. Ainsi, 83 % des salariés sont confiants dans leur avenir au sein de leur entreprise actuelle lorsque celle-ci dispose d’une entité RSE dédiée, contre 71 % pour ceux travaillant dans une entreprise sans entité dédiée (source : baromètre de la perception de la RSE 2021 / Mouvement des entreprises de France). Cette tendance est peut-être encore plus marquée sur les candidats au recrutement : la politique RSE est un critère de choix d’une entreprise pour 58% des candidats ! (Source : ImpactIndex Choosemycompany 2021) 

 

 

 

Satisfaire ses parties prenantes pour rester dans la course

Opportunités offertes par la RSE grâce à la satisfaction des parties prenantes et l’amélioration des processus internes 

 

 

Satisfaire ses parties prenantes, et particulièrement ses clients et ses salariés, constitue le principal argument objectif en faveur d’une politique RSE volontariste. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si ces attentes “externes” constituent un des 2 critères de priorisation des enjeux RSE dans la matrice de matérialité.  

 

Mais il existe d’autres effets bénéfiques, notamment sur les processus et pratiques internes de l’entreprise. 

 

Concilier responsabilité et optimisation opérationnelle 

 

4 grands domaines du fonctionnement de l’entreprise peuvent bénéficier de manière directe et profonde d’une politique RSE ambitieuse :  

 

  • L'innovation : la RSE peut être perçue comme un ensemble de contraintes techniques mais également comme une invitation à ouvrir le champ des possibles et à s’engager au-delà des barrières que l’entreprise se fixe habituellement, qu’elles soient explicites ou implicites. La RSE peut ainsi stimuler l’innovation dans la conception de produits ou de services, dans les ressources humaines, dans le marketing et la communication ou encore dans les systèmes d’information. 

 

  • La gestion des risques : la RSE se caractérise par la mise en œuvre de procédures de réduction de nombreux types de risques : risques relatifs à la santé des salariés, risques environnementaux, risques industriels, risques informatiques... une démarche RSE structurée constitue donc un outil puissant de qualification et de maîtrise des risques de l’entreprise. En complément, des processus d’évaluation des fournisseurs permettent de réduire les risques potentiels dans la chaîne d'approvisionnement en établissant des normes élevées de durabilité, de conformité et de continuité. 

 

  • La maîtrise des coûts : ciblée sur des initiatives environnementales ou opérationnelles bien précises, une démarche RSE peut représenter une source importante d’économies pour l’entreprise. A titre d’exemple, la recherche d’efficience énergétique, les principes de l’économie circulaire, la réduction des déchets, l’optimisation des ressources ou encore la formation des collaborateurs sont des leviers reconnus d’amélioration de la rentabilité à moyen/long terme. 

 

  • La gouvernance : en requestionnant la raison d’être de l’entreprise, en sollicitant l’engagement de la direction et des actionnaires, en impliquant davantage les collaborateurs et en développant le reporting et la transparence, la politique RSE dépoussière la gouvernance traditionnelle des entreprises.  

 

 

Conclusion 

 

Certes, nous avons volontairement occulté le coût que peut représenter une politique RSE volontariste, et il est certain que l’investissement n’est pas rentable à court terme dans la plupart des cas. 

 

Mais lorsqu’il s’agit de responsabilité des entreprises, il faut envisager le sujet sur le long terme. Une politique RSE n’est pas une fin en soi et elle ne suffit pas à elle seule à assurer le développement d’une entreprise, mais elle est un atout désormais indispensable pour assurer sa pérennité, tout en favorisant la durabilité de son environnement économique, social et naturel. 

 

Pour achever de convaincre les dirigeants encore réticents, il convient de reconsidérer la contrainte comme une opportunité ! 

À propos des auteurs
Antoine MOYON - Manager chez EXEIS Conseil
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18 ans d'expérience dans le pilotage et la maîtrise d'ouvrage de projets de pilotage de transformation SI. Antoine est notamment intervenu 10 ans dans le secteur de l'assurance IARD, sur des projets de refonte d'offres Auto ou MRH. Au sein d'EXEIS Conseil, il est responsable de la RSE.