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Quand les assureurs investissent l’économie du partage… (2/2)

septembre 2015 | Temps de lecture : 3 min

Nous le savons, l’économie collaborative est en plein essor comme vu précédemment dans l’article Quand les assureurs investissent l’économie du partage 1/2. Ce modèle économique s’appuie sur l’échange de bien ou de services entre particulier et un sentiment de confiance doit être développé par les sites s’ils veulent attirer le maximum d’utilisateurs. C’est dans ce contexte que l’assurance s’inscrit comme l’outil indispensable aux sites de partage.

Les assureurs ont le regard tourné vers l'économie collaborative

Assurer oui, mais comment ?

 

Si l’on ne peut pas encore identifier quelle est la stratégie gagnante au vu de la jeunesse de ce marché, on constate d’ores et déjà deux types d’approches bien distinctes de la part des assureurs.

 

En fonction de leur modèle économique, les sites de partage ont des besoins d’assurance très différents. Un site de mise en relation entre particuliers (exemple : échange de maisons) pourra proposer des services d’assurance habitation complémentaires sous formes d’options et en partenariat avec un assureur, et ainsi obtenir une commission sur les contrats souscrits par ce biais.

 

A contrario, certains services de partage intègrent l’assurance directement dans leur offre, et dans ce cas le nom de l’assureur n’est pas systématiquement mis en avant. Airbnb propose ainsi une « assurance hôte » qui semble supportée par le site lui-même puisqu’aucun assureur n’est mentionné sur l’offre de service. Il est très probable qu’un assureur se cache derrière ce service et travaille avec Airbnb en “marque blanche”. De leur côté, Blablacar et Axa ont choisi de fortement communiquer sur leur nouveau partenariat car ils ont tous les deux à y gagner en terme d’image...

Les partenariats indispensables à nouer

Pour les assureurs, ces partenariats offrent donc de nouvelles perspectives commerciales mais aussi et surtout l’occasion de valoriser leur image de marque en surfant sur les valeurs positives (confiance, développement durable, lien social…) de l’économie collaborative. Dès lors se pose la question « avec quel acteurs du marché visé s’associer ? » La stratégie d’investissement des assureurs doit correspondre à leur image et leur modèle économique : ainsi, lorsque Frédéric Tardy, Directeur Marketing et Distribution du Groupe AXA estime que les modèles gagnants seront ceux qui auront atteint la taille critique (“The winner takes it all”), Thomas Ollivier, Responsable économie collaborative à la MAIF insiste de son côté sur les modèles proches d’une l’économie sociale et solidaire avec une répartition équitable de la valeur et une grande agilité. (source : http://francoiselamotte.com).

Un autre modèle est possible

 

Pour les assureurs, une autre stratégie peut leur permettre de bénéficier de l’essor de l’économie collaborative sans passer par un partenariat : elle consiste à proposer directement à leurs clients des nouveaux produits d’assurance dédiés au partage de biens ou services entre particuliers.

 

Peu répandu à ce jour, ce type d’offre peut permettre à un assureur de se démarquer de ses concurrents et de répondre à un vrai besoin pour tous les éco-partageurs français : ils sont ainsi 16 millions à utiliser le BonCoin.fr chaque mois et à s’inquiéter du bon déroulement de chacune de leur transaction ! Comment imaginer que les assureurs puissent passer à côté d’une telle opportunité ?

 

Mais entre protection juridique, assurance contre la fraude, couverture des risques matériels et garantie des biens, les assureurs devront faire preuve de créativité pour concevoir la proposition parfaitement adaptée à ces nouveaux usages...

 

 

Auraient-ils donc tout à y gagner ?

 

L’enjeu est de taille mais les assureurs doivent néanmoins aborder ce nouveau marché avec toute la prudence qui les caractérise. L’analyse des risques et les calculs de rentabilité doivent intégrer des usages et des comportements sur lesquels nous manquons encore de recul.

 

Par ailleurs, le marché et les usages de l’économie collaborative sont en constante évolution. Les assureurs vont devoir faire preuve d’une grande agilité s’ils veulent répondre aux besoins des sites de mise en relation et de leurs utilisateurs. Or la souplesse n’est généralement pas la qualité première de la chaîne de “production” des produits d’assurance (du marketing au SI en passant par les actuaires)... Le succès de cette nouvelle stratégie nécessitera des adaptations importantes, voir des transformations des habitudes de travail de ces grands groupes pour s’assurer plus de réactivité et de rapidité d’exécution.

Un autre risque pointe à l’horizon, ce qu’il est coutume d’appeler l’Uberisation du secteur. Certains acteurs à l’étranger (Friendsurance, jFloat ou Peercover) utilisent ces principes collaboratifs pour désintermédier l’assurance, et ainsi remettent en cause les modèles distributifs de l’assurance. Ce sont les business models des assureurs qui sont aujourd’hui la cible de cette économie collaborative. A suivre de près...

L'économie collaborative

Et chez les assureurs les plus innovants et les plus impliqués dans l’économie du partage, peut-être verrons nous un jour arriver de nouvelles offres d’éco-assurance, de nouvelles formes de mutualisation des risques, de nouveaux produits d’assurance collaborative !

 

Quelques starts-ups telles que inspeer.me ont déjà commencé à défricher ce marché… les grands noms de l’assurance française oseront-ils s’engager dans cette voie ? Comment feront-ils face au développement d’une nouvelle intermédiation virtuelle et collaborative ?

À propos des auteurs
Antoine MOYON - Manager chez EXEIS Conseil
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18 ans d'expérience dans le pilotage et la maîtrise d'ouvrage de projets de pilotage de transformation SI. Antoine est notamment intervenu 10 ans dans le secteur de l'assurance IARD, sur des projets de refonte d'offres Auto ou MRH. Au sein d'EXEIS Conseil, il est responsable de la RSE.