Objets connectés : est-ce vraiment une révolution ?
Alors qu’Apple vient de déposer un brevet pour commercialiser une bague connectée et qu’Amazon annonce le lancement de sa plateforme dédiée à l’internet des objets, pas un jour ne passe sans qu’un nouvel article n’aborde la révolution des objets connectés et le bouleversement du quotidien qui nous est promis. Le sujet est devenu “tendance” et se trouve parmi les mots les plus recherchés sur Google. Mais finalement de quoi parle-t-on vraiment ? Que désigne-t-on par « objet connecté » ? Cela va-t-il réellement bouleverser notre quotidien, à la maison et au travail ?

Mais en fait c’est quoi un “objet connecté” ?
On utilise généralement le terme « d’objet connecté » en déclinaison du concept anglophone “Internet of Things” (IoT). De fait, on pourrait penser que tout “objet avec une connexion internet est un “objet connecté ». En réalité, la définition est un peu différente.
On entend par “objet connecté” un appareil :
- équipé de capteurs pour mesurer des paramètres sur son environnement (température, pression, hygrométrie, mouvement, lumière, vibrations, etc.)
- doté d’une capacité de communication sans fil (via un terminal relais de type box internet ou smartphone) pour transmettre via internet les données collectées vers une plateforme de stockage (Cloud).
- ... et d’une interface de restitution (site internet, application mobile) permettant de consulter les données via une interface dédiée, et dans certains cas d’interagir avec l’objet connecté (contrôle à distance).

Il ne s’agit donc pas en soi d’une innovation technologique à proprement parler. En effet, mesurer une température ou une fréquence cardiaque, télé-surveiller sa maison ou encore suivre son itinéraire est possible depuis plusieurs dizaines d’années. Si on y regarde de plus près, il n’y a rien de bien révolutionnaire dans les objets connectés …

Bracelet de sport connecté : Cardio fréquencemètre et GPS avec une transmission Bluetooth vers une application mobile.

Alarme de maison connectée : Caméra et détecteur de mouvement relié à une application mobile grâce au Wi-fi.

Porte-clés intelligent pour localiser les objets perdus : Boîtier avec une transmission Bluetooth relié à une application mobile.

Mais alors, si ce n’est pas une révolution technologique, pourquoi en parle-t-on autant ?
La véritable révolution porte surtout sur la démocratisation de ces objets. Il y a quelques années, les technologies existaient mais étaient réservées à des usages confidentiels dans l’armée, la recherche médicale, ou encore l’industrie de pointe compte tenu des coûts d’acquisition et de maintenance de ces technologies.
La miniaturisation des composants, la généralisation de la “connectivité” (pouvoir se connecter à internet quel que soit le lieu, le moment, ou le terminal) et les progrès faramineux des puissances de calcul (loi de Moore) ont permis de rendre accessible à chacun, ce qui, hier était réservé à un cercle limité. Pour reprendre l’exemple de la télésurveillance, il est désormais possible d’installer une caméra chez soi pour une centaine d’euros et de surveiller sa maison depuis son téléphone, quelle que soit sa localisation, alors qu’auparavant une telle installation nécessitait des investissements importants et faisait nécessairement appel à des entreprises spécialisées.
Cette accessibilité de la technologie s’est accompagnée du développement de nouveaux usages, dont le « Quantified Self », cette évaluation quantitative systématique de notre quotidien (courbe de poids, fréquence cardiaque, dépenses énergétiques, rythmes du sommeil, etc.), qui a popularisé auprès du grand public de nombreux objets connectés : bracelet, montre, balance, etc.
Pour autant, si les objets connectés semblent promis à un bel avenir, ils ne rencontrent pas immédiatement le succès escompté. L’exemple des Google Glass, dont la commercialisation a été interrompue au bout d’un an est un cas d’école. Lancé sans en définir clairement les usages, le manque d’application, les problèmes techniques et les craintes sur la protection de la vie privée ont fait avorter le projet, du moins dans sa forme actuelle. Elles pourraient ressortir prochainement dans une version dédiée exclusivement aux entreprises, sur des cas d’usages bien précis.
Comme souvent dans l’histoire de l’innovation, la technologie seule ne peut créer le besoin, c’est bien l’usage et le positionnement du produit qui assurera sa réussite auprès du public visé. Le succès grandissant des objets connectés ne réside donc pas tant dans leur technologie révolutionnaire que dans la digitalisation de la société et la transformation des usages qui en découle.
Quels impacts pour les entreprises ?
Si la presse s’intéresse davantage aux objets connectés grand public, le marché des entreprises représente le plus fort potentiel. Une récente étude (1) estime qu’en 2015, 60% des objets connectés sont achetés, payés et utilisés par des entreprises, et que 90% des revenus des services liés aux objets connectés sont générés par le marché professionnel.
Si le potentiel est aussi grand, c’est que les enjeux pour les entreprises sont bien plus importants que pour les individus.
- Dans le secteur de l’énergie par exemple. Si un foyer peut trouver un intérêt limité à installer un compteur intelligent pour mesurer sa consommation en temps réel, les fournisseurs pourront eux réaliser des économies très importantes à l’échelle nationale : détection des court-circuits et des coupures de courant, et surtout meilleure connaissance des besoins énergétiques pour adapter au mieux les investissements en infrastructures. Conscient de ces enjeux, ERDF commencera la pose de son compteur communicant « Linky » à la fin de l’année 2015, avec pour objectif de remplacer 90% des compteurs existants d’ici 2021.
- Dans l’assurance, de plus en plus de compagnies sont intéressées par les possibilités offertes par les objets connectés, notamment en assurance auto. En collectant des données en temps réel sur les comportements clients, les assureurs sont en mesure de proposer une modulation des primes d’assurances, à la baisse comme à la hausse… Ainsi, Amaguiz (filiale de Groupama), assure ses clients au kilomètre avec le « pay as you drive », contrôlé grâce à la mise en place d’un boîtier connecté dans le véhicule.
- Dans la logistique et les transports, l’utilisation de puces RFID permet de localiser en temps réel les produits et de connaître les conditions de transport et de stockage (humidité, température), réduisant ainsi les pertes et la casse. Décathlon a commencé à étiqueter ses produits de puces RFID en 2014 et affiche l’objectif d’une généralisation à l’ensemble de ses articles en 2017. Les capteurs embarqués dans les camions permettent également de réaliser des économies importantes par l’analyse des données de navigation.
- Dans l’industrie, les applications sont diverses : du suivi de la fabrication à la gestion des pièces détachés et des outils... L’aéronautique est en pointe dans ce domaine. Ainsi, Airbus expérimente des outils capables de communiquer entre eux. Par exemple si une perceuse détecte un défaut elle avertira la visseuse de ne pas agir. Ce type de communication entre machines (M2M) est une grande avancée pour la robotisation des usines.
Nous l’avons vu, les objets connectés offrent d’innombrables opportunités. Leur généralisation va impacter en profondeur certains Business Models. En effet, un objet connecté n’est plus juste un produit, c’est avant tout un service.
L’ensemble des fonctions de l’entreprise sont impactées par cette transformation.
L’enjeu demain pour les entreprises est de se mettre en capacité d’exploiter rapidement une masse de données toujours plus importante pour en tirer un avantage concurrentiel par rapport à la concurrence, en ajustant son offre et son positionnement aux besoins de ses utilisateurs (c'est à dire aux usages mesurés en temps réel sur le terrain, via les objets connectés)
(1) Technology, Media & Telecommunications Predictions 2015, Deloitte
Conclusion
Le phénomène des objets connectés a le vent en poupe, et ce n’est pas près de changer ! Si ce n’est pas une révolution technologique en soi, il est certain que les nouvelles utilisations vont bouleverser nos habitudes et nos modes de vie. Bien que les usages ne soient pas encore tous définis, nous commençons à entrevoir le potentiel formidable de ces petits objets qui s’apprêtent à envahir notre quotidien aussi bien à la maison qu’au travail.
Les entreprises se doivent d’anticiper cette révolution si elles ne veulent pas rater le coche de l’internet des objets. Que ce soit dans la génération de l’innovation, dans l’adaptation des processus et des modes de fonctionnement internes, dans l’accompagnement des employés pour qu’ils s’approprient ces nouveaux outils ou encore dans la refonte du business model de l’entreprise ; il est primordial de piloter et d’organiser cette transformation.
Par sa connaissance des problématiques et des enjeux du monde digital, ainsi que son expérience dans l’accompagnement des entreprises dans leurs projets de transformation, Exeis Conseil est à même de vous aider à relever le défi des objets connectés. Retrouvez notre offre sur le sujet : La transformation digitale : un levier de croissance pour votre entreprise.