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Banques et Fintechs : vers une uberisation du secteur ?

septembre 2015 | Temps de lecture : 6 min

Depuis plusieurs années, la digitalisation des services bouleverse de nombreux domaines. Après la musique (Spotify, Deezer), le cinéma (Netflix,), la distribution (Amazon,…), les voyages (Tripadvisor, Booking…), l’hôtellerie (Airbnb) et les transports (Uber, Blablacar…), le secteur bancaire n’est pas épargné.

 

Banques et fintechs

 

Après avoir affronté ces 15 dernières années l’arrivée des assureurs (Axa banque, Allianz Bank), de la grande distribution (ex : Carrefour Banque...), et des banques en ligne (ex : ING Direct, Boursorama, Fortuneo, la plupart étant désormais filiales de grands établissements), les banques traditionnelles font désormais face à une nouvelle vague d’entrants :

 

  • les géants de l’internet (ex : Apple et Google sur le paiement, Amazon sur le financement des PME)

 

  • des acteurs alternatifs low cost (ex : le compte Nickel distribué dans les bureaux de tabac),

 

  • et toute une myriade de petites sociétés : les Fintechs (ou FINancial TECHnology company). C’est sur cette dernière catégorie que nous allons nous concentrer dans cet article.

 

 

Un secteur qui aiguise l’appétit de nombreux acteurs

 

 

Jamais le secteur bancaire n’a attiré autant de nouveaux acteurs, en si peu de temps. Plusieurs explications à ce phénomène :

 

 

Avec la digitalisation des usages, les comportements des clients bancaires évoluent très rapidement. Ils sont de plus en plus connectés, informés et exigeants. Le mobile est devenu le principal canal d’interaction entre les Français et leurs banques selon une étude Bain et Company de décembre 2014. Dans ce contexte, maîtriser les codes de la communication mobile (ergonomie, design, simplicité), est devenu un enjeu clé dans le secteur bancaire.

 

 

Quand hier, il fallait investir plusieurs années dans un réseau physique d’agences, un système d’information, et des compétences en vente, front-middle et back-office, pour créer une banque à l’échelle régionale, aujourd’hui, on peut, avec un business model bien ficelé et une application mobile à l‘état de l’art, proposer en quelques mois des services bancaires ou financiers différenciants, potentiellement à des millions de personnes, sous réserve d’une immatriculation à l’ORIAS.

 

 

Sur le plan règlementaire, on assiste à un double phénomène : quand certains états, dont la France, assouplissent les barrières à l’entrée pour favoriser l’arrivée de nouveaux acteurs, dans le même temps, les grands établissements doivent faire face à un cadre réglementaire qui ne cesse de se rigidifier (Bâle III) et une pression sociétale plus forte depuis la crise des subprimes.

 

 

C’est dans ce contexte que se développent les Fintechs. Leur positionnement : améliorer, fluidifier et digitaliser les expériences des utilisateurs en matière de services financiers

 

 

Les Fintechs : un terrain de jeu de plus en plus important

 

 

Principalement d’origine anglo-saxonne, les Fintechs font beaucoup parler d’elles à travers leurs innovations ou grâce à leurs importantes levées de fond. En 2014, on estime que les Fintechs ont levé plus de 15 milliards de dollars dans le monde, soit cinq fois plus que l’année précédente.

 

 

En comparaison avec les banques en ligne, figures de proue de la précédente vague, les Fintechs ne se limitent pas à la gestion de compte mais s’attaquent à de nouveaux services. Elles grignotent progressivement des parts de marché dans le crédit aux particuliers et aux entreprises, l’affacturage, la gestion des devises, les paiements via smartphone… Peu à peu, tous les métiers des banques traditionnelles sont attaqués par ces nouveaux acteurs, venus de nulle part.

 

 

Outre leur maîtrise du média mobile, ce qui caractérise les fintech, c’est cette capacité à positionner l’utilisateur au cœur de leur réflexion, de la conception des fonctionnalités (intuitives) et des interfaces (design et épurées), à l’amélioration des produits ( « voix du client »), en passant par le développement commercial (recommandation « gratuite » via les réseaux sociaux).

 

 

A terme, le risque pour les banques traditionnelles est de se voir dépossédées du monopole des métiers dits « nobles » de la banque et de la finance, pour ne conserver que les activités basiques de « Core banking » aux faibles marges.

 

 

Une menace à relativiser

 

 

Avec l’arrivée des fintech et autres nouveaux entrants, nous assistons à une vague de transformation sans précédent dans le secteur bancaire, transformation rapide qui fait naturellement penser à la révolution Uber dans l’univers des taxis. Car il y a des points communs. Au même titre que les taxis doivent rentabiliser une licence, les banques doivent entretenir un réseau d’agences de proximité. Difficile dans ce contexte de lutter à armes égales contre des start-up, dont les coûts de structures sont sans commune mesure.

 

 

Toutefois, il est prématuré à ce stade de parler d’uberisation du secteur bancaire.

 

 

En effet, si les fintech grignotent quelques clients sur des domaines bien ciblés, elles n’ont  pas vocation à remplacer les banques sur leur périmètre nominal, contrairement à Uber avec les taxis.

 

 

Beaucoup de fintech ne peuvent exister sans les banques. Ce sont bien les acteurs bancaires qui sont propriétaires des portefeuilles clients et détiennent ainsi toutes les informations sur les transactions de leurs clients.

 

 

Enfin, contrairement à Uber, aucun acteur n’a à ce jour la capacité à incarner à lui seul au niveau mondial (hormis peut-être les GAFA) la diversité des nouveaux services proposés par les fintech. 

 

 

Par ailleurs, si on regarde les chiffres, les financements réalisés par les « fintech stars », (ex : prêt d’Union et ses 100 millions d’euros financés) arrivent à peine à la hauteur des financements réalisés chaque année par des caisses régionales de grands établissements bancaires.

 

 

Il n’en reste pas moins que les banques doivent s’inspirer des méthodes des fintech pour accélérer leur transformation digitale. 

 

 

Une incitation pour les banques à accélérer leur transformation

 

 

Outre la définition d’une stratégie digitale, la transformation des banques traditionnelles passe par plusieurs étapes :

 

  • Rétablir la confiance de ses clients en les repositionnant au centre des dispositifs de génération des idées d’applications ou de services à mettre en place

 

  • Se réorganiser en profondeur pour devenir plus souple, plus véloce et ainsi réduire le Time to market des produits

 

  • S’ouvrir à l’Open innovation en construisant et animant un écosystème de partenaires innovants

 

 

Un certain nombre d’initiatives témoignent de la prise de conscience de la révolution Fintech par les banques.

 

 

Ainsi, AXA Banque a lancé « Soon », une banque en ligne accessible via application mobile. La démarche de construction, prenant régulièrement en compte l’avis des utilisateurs, a permis la création d’une application en phase avec les attentes.

 

 

De son côté, le Crédit Agricole a lancé le « CA Store », portail  via lequel les clients proposent des idées d’applications qui seront ensuite développées grâce aux API (Application Programming Interface) et aux données de comptes anonymisées mises à disposition par la banque. 

 

 

Dans le même ordre d’idées, plusieurs banques (dont le Crédit Agricole et les Banques Populaires) ont lancé des hackathons, où sont développés, de manière collaborative, des projets d’applications bancaires en 48 heures.

 

 

A défaut de se positionner en tant que leader sur l’innovation, les banques s’attachent à fédérer autour d’elles ces nouveaux acteurs et ainsi sensibiliser progressivement leurs effectifs à cette révolution digitale, et ce qu’elle entraîne en termes de changement de paradigme.

 

 

La transformation en profondeur du modèle bancaire va prendre du temps, mais la dynamique est enclenchée, et l’arrivée en masse des Fintech dans le secteur bancaire n’y est probablement pas étrangère.

 

 

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